ENVOYER DE L’ENERGIE A TRAVERS L’ESPACE


Quand j’ai été initié au 2e niveau de Reiki, en 2000, j’ai acquis la possibilité d’effectuer ce qu’on appelle couramment « un soin à distance », c’est-à-dire envoyer de l’énergie dans l’espace et dans le temps pour soigner. Pourtant, ce n’est que cinq ans après être devenu maître initiateur de Reiki que j’ai utilisé pour la première fois cette possibilité.

Pourquoi ? L’opportunité ne se présentait tout d’abord pas. Mais surtout, un doute me retenait, une forme d’incrédulité profonde. J’avais déjà effectué à cette époque des soins à des personnes présentes devant moi, assises ou allongées sur un lit, et les résultats s’étaient montrés très probants, la situation de ces personnes s’était améliorée. Mais, faire un soin à une personne qui n’est pas physiquement là, c’était une toute autre affaire pour moi! Cela me dépassait complètement. Et même si je savais que c’était théoriquement possible car on me l’avait enseigné, je n’y croyais tout simplement pas.

Je restais donc bloqué par mes doutes. Le scepticisme est un luxe qu’on peut se permettre lorsque tout va bien autour de soi et que l’on n’est confronté ni à la souffrance d’autrui, ni à la sienne propre. Je me tenais sur la réserve, comme un homme qui se satisferait de ne pas savoir nager simplement parce qu’il se dit que, n’habitant pas au bord de la mer, il n’en a pas besoin. Pourtant, que quelqu’un tombe à l’eau sous ses yeux dans une rivière et menace alors de se noyer, il se sent aussitôt mal à l’aise, douloureusement impuissant de ne pouvoir lui porter secours.

Il fallut donc une circonstance particulière pour m’amener à quitter le « mol oreiller du doute » sur lequel je me reposais.

C’était lors d’un repas de mariage en province. Il était 22h00 et je m’étais retiré dans une pièce moins bruyante pour y bercer notre fils Tenzin qui avait besoin de dormir. Dans cette pièce spacieuse se tenaient déjà une mère et son bébé. L’enfant, excédé par le bruit et la fatigue, pleurait douloureusement et sa mère ne parvenait pas à le calmer. Assis à une quinzaine de mètres d’eux, je voyais l’énervement du bébé et le désarroi de sa mère croître inexorablement de minute en minute.

Au bout d’une demi-heure de cris et de larmes, je me suis dit intérieurement : « Bon Christian! Tu vois bien que la situation ne s’améliore pas, tu as eu largement le temps de t’en convaincre ! Alors, ou tu continues à ne rien faire, comme tu t’y emploies si bien, ou tu fais quelque chose pour eux !»

Conscient de ma responsabilité, mes doutes, soudain, s’évanouirent. Je n’aspirais plus qu’à aider activement cette mère et son fils. Tout devenait dès lors facile : je me reliais instantanément au Reiki et, en pensée, je proposais à l’enfant de lui adresser de l’énergie pour l’apaiser, lui faire du bien. Je traçais successivement trois symboles du Reiki : celui qui génère la puissance protectrice, celui qui permet d’agir sur l’esprit et enfin celui qui permet d’agir à distance.

Je n’avais aucune certitude que «cela marche », bien sûr, mais ce n’était pas une raison pour ne rien tenter et je ne voulais pas me reprocher de n’avoir rien fait.

Sur ma chaise, je demeurais intérieurement concentré et, au bout de 2 minutes à peine, les cris de l’enfant se mirent à diminuer. Encore deux minutes et il dormait profondément, apaisé malgré le bruit qui nous entourait.

Je ne pouvais pas faire autrement que constater la relation de cause à effet entre mon intervention et l’endormissement de cet enfant : j’étais demeuré suffisamment longtemps inactif pour ne pas en attribuer la cause à une circonstance extérieure.

Plus tard, je tirais pleinement les conséquences de ce qui s’était passé, décidé à faire de cette expérience un véritable enseignement.

• Moi et le monde

C’est une conception erronée du monde que je me fabrique, une tour d’ivoire dans laquelle je m’enferme quand je crois qu’il y a d’un côté « moi », et puis de l’autre côté, les autres, cette femme et son enfant. Ces êtres, par une illusion trompeuse, m’apparaissent comme étant extérieurs à moi, existant par eux-mêmes, dotés d’une réalité propre. Cette césure que j’établis constitue le fondement de l’indifférence que je porte aux autres, la base sur laquelle prospère mon agressivité, ainsi qu’un désespérant sentiment d’impuissance.

Cette conception est fausse car, en réalité, quand je regarde cette femme et ce bébé, la perception que j’ai d’eux dépend tout autant d’éléments particuliers à moi : mon œil, mon sens visuel, mon attention, que de caractéristiques propres à ces personnes. Toute perception, toute expérience du monde constitue, en fait, une rencontre entre moi et le monde, une relation entre le sujet et l’objet. Si je prends conscience de cette réalité, je peux alors changer ma relation aux autres personnes, m’ouvrir plus et découvrir une capacité d’action que je ne soupçonnais même pas.

• L’action par l’esprit

Dans ma vie quotidienne, mon conditionnement me porte à croire qu’agir c’est nécessairement intervenir matériellement, concrètement par des gestes. Or, la théorie orientale du Karma nous enseigne qu’existent encore deux autres modes d’action : la parole et la pensée. De ces trois modes d’action, c’est le dernier le plus important car les deux premiers se fondent sur lui : une pensée, une intention précède toujours une parole que nous prononçons ou une intervention par le corps. Ce samedi soir, dans cette salle, il ne m’était pas possible d’agir de façon matérielle ou par la parole : il n’était pas question que je me lève et que j’aille expliquer à cette femme que je pouvais aider son enfant à se calmer grâce au Reiki ; et d’ailleurs le bébé, lui-même, n’aurait pas apprécié d’être retiré des bras de sa mère ! Seule restait donc envisageable l’action par l’esprit uniquement, et cela suffisait d’ailleurs !

• La maîtrise de l’énergie par la pensée

Les êtres humains sont des êtres vivants qu’une énergie anime. Cette conception orientale est partagée par le Yoga et le Reiki. Ce souffle subtil, qu’on l’appelle Prana ou Ki, circule en nous et soutient nos fonctions physiologiques, nos activités corporelles, nos paroles, ainsi que notre pensée. Or, cette énergie dispose d’une propriété particulière : elle peut être canalisée, orientée par l’esprit.

Par ailleurs, cette énergie, qui diffère par nature de la matière, n’est pas soumise aux contraintes qui pèsent sur celle-ci. On aimerait tous, à l’occasion d’un déménagement, déplacer les meubles par la seule pensée et même agir à distance, parfois à des milliers de kilomètres. Mais, quoi qu’en dise Mary Poppins, cela ne marche pas ! Par contre, il est possible de maîtriser l’énergie, de l’activer et de l’orienter, et ce, quelle que soit la distance physique. Que l’on soit éloigné d’un mètre ou de milliers de kilomètres, cette contrainte matérielle n’interfère pas et l’énergie agit instantanément.

Compte tenu de tous ces éléments, il m’était possible d’agir par la pensée et de venir en aide à cet enfant placé à une quinzaine de mètres de moi.


Ce samedi soir, en berçant notre propre fils, j’ai appris à aider par le Reiki une personne à distance. J’étais déterminé à faire tout mon possible pour être bénéfique à autrui. En face de moi, l’enfant qui pleurait était réceptif et aspirait profondément à trouver le repos. Il s’est calmé avec cette énergie qui lui était offerte. Je n’ai rien fait d’autre que cela et ce que j’ai fait tout autre que moi peux le faire, s’il s’en donne les moyens.

J’ai ressenti un grand bonheur : bonheur d’avoir pu être utile, bonheur de mieux connaître le potentiel formidable qui réside en nous si nous savons l’utiliser. Comme l’exprime si bien la 2e stance du Dharmapada : « Tous les phénomènes qui se manifestent à nous naissent dans notre cœur et dans notre esprit ; […] si nous parlons ou agissons avec un cœur et un esprit paisibles et lumineux, le bonheur s’ensuivra aussi sûrement que notre ombre qui jamais ne nous quitte ». Et j’espère encore aujourd’hui être utile à ceux qui veulent agir avec plus de moyens et ne pas être désemparés face à la souffrance des êtres qui leur sont chers. Qu’ils sachent qu’il y a moyen de faire quelque chose pour autrui, en même temps que pour soi, en utilisant mieux les capacités de notre esprit.